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Ses parents, encore très présents, représentent pour elle le couple idéale. D'ailleurs ils représentent la même chose pour sa soeur. Son père, artiste peintre est un créateur "né". Sa mère travaille à l'extérieur et ...fait bouillir la marmite. Le mythe familial semble être le suivant : les hommes sont faits pour être des créateurs, des génies. Les femmes, les vraies, assurent le quotidien et permettent à l'homme de s'adonner à sa tâche. Les deux soeurs ont épousé deux artistes, mais en s'assurant qu'ils ne puissent pas réellement faire d'ombre au père. Ils se sont avérés au fil des années plus attirés par des tâches vécues comme moins épuisantes. En effet comment ne serait pas épuisante la course sans fin pour atteindre la perfection du mythe familiale de leurs femmes. Femmes qui inconsciemment les avaient choisi en deçà du mythe paternel et les maintenaient dans l'illusion que tout autre travail leur était impossible, voir interdit, malgré le peu de réalité des possibilités créatives de leurs conjoints. Réalité d'autant plus niée que tout autre travail (qui ne serait pas le fait d'un homme, un vrai) mettrait en danger leurs supports d'identifications sexuelles.

Renoncer à ses points de repère c'est accepter de vivre le rôle dévolu à l'autre. C'est reconnaître sa part d'ambivalence. C'est admettre que l'on peut avoir des comportements qui ne soient pas, culturellement, totalement et uniquement catalogués comme féminin ou masculin sans cesser pour autant d'être le représentant d'un sexe.
Anaïs a pu réfléchir sur l'ambiguïté de ses attentes, sur son désir aussi de travailler "comme un homme". Son mari, quelques mois plus tard a pu suivre une formation de longue durée et orienter différemment sa carrière. Anaïs s'est constitué une clientèle de boutiques, s'occupait de création... et de gestion administrative semblant trouver un certain équilibre entre les deux.

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ANAIS
Nous vous proposons ici une analyse de cas. Nous l'avons appelé ANAIS.

Anaïs a 40 ans et 4 enfants lorsqu'elle se décide à participer à une Session d'Orientation en groupe. Elle est active, dynamique, pleine d'idées, elle a jusque là nous dit-elle, assuré "la marmite", son mari étant artiste.

Interrogée sur ce qu'elle a fait pour faire bouillir cette marmite elle parle artisanat mais sans plus, puis job utilitaire, essentiellement des travaux de bureau. Elle apporte néanmoins quelques uns des objets qu'elle a fabriqués et qu'elle vend généralement dans des boutiques de luxes spécialisées. Le groupe trouve les objets superbes, et ils le sont. Il lui demande pourquoi elle n'intensifie pas cet aspect d'autant plus qu'il semble lucratif et que les magasins qui travaillent avec elle voudraient bien plus de production. Selon Anaïs ce n'est pas possible car son mari est artiste et « ?c'est moi qui fais bouillir la marmite... » Au fil des jours elle s'enthousiasme pour des projets artisanaux qui semblent réalistes et porteurs de désir puis retombe dans sa litanie : oui mais je DOIS... et ce plusieurs fois par jour.

Ce mari, si artiste, intrigue. Que fait-il ? La réponse d'Anaïs est longue? et floue. Il serait possible de traduire la réponse par : « il se cherche ». D'ailleurs dit Anaïs lui aussi serait intéressé pour participer à une session d'orientation ». mais elle lui a tout de suite dit que ce n'était pas pour lui.
La première piste nous est fournie lorsqu'Anaïs répond à la question : Que voudrait-il faire ? La réponse est immédiate comme involontaire et son visage, chose rare, se ferme : De l'informatique et avant même que qui se ce soit réagisse elle se replonge dans son dossier?

Anaïs n'arrivant pas à sortir de l'ambiguïté de sa recherche il lui est proposé trois entretiens pour réfléchir sur sa situation. Ce qui nous amène à mieux connaître son histoire.