La France a appliqué une politique particulièrement restrictive (Voir le débat autour de la question des quotas, Catherine Wihtol de Wenden, « Pour une immigration de travail ? », Ceras ? revue Projet n°290, Janvier 2007 ou l6. URL http://www.ceras-projet.com/index.php?id=830), distinguant d'une part entre une immigration de travail, bienvenue et choisie, et une immigration familiale, moins bienvenue parce que soi-disant coûteuse et subie. Or les immigrés qui viennent au titre du travail ne sont pas les seuls à contribuer à l'économie. Mais oui, les femmes qui viennent rejoindre leur mari en France s'insèrent aussi sur le marché du travail. « Une étude menée à la demande du ministère des affaires sociales montre que 70 % des personnes qui entrent au titre de la migration familiale travaillent », explique même P. Weil (Patrcick Weil : « 50 % d'immigration économique, c'est mission impossible »). Il serait bon de rappeler que les besoins en main d'?uvre du pays se situent aux deux extrêmes du marché du travail: l'élite mais aussi les travailleurs du bâtiment ou de l'agriculture qui, de toute façon, sont déjà là (légalement ou non). L'immigré « bon pour la France », c'est aussi celui qui comble les déficits sectoriels. Il est temps d'accepter ce fait et renoncer au mythe de « l'étranger voleur de travail » Antoine Math: « On fabriquera des migrants jetables ».

Échec de la fermeture à la main d'?uvre non qualifiée:
En dépit des mesures appliquées par les différents pays, nous l'avons vu, les migrations restent stables car
-les politiques de retour au pays (avec mesures d'accompagnement et réinsertion) ont échoué ;
-l'immigration clandestine (Voir la situation a Gibraltar, Ceuta, les camps de Malte), est en croissance et les coûts pour les migrants de plus en plus exorbitants, ce qui conduit a l'esclavage moderne des sans papiers et a la violation des droits de l'homme ;
-l'immigration se sectorise : développement de secteurs « niches ethniques » dans les secteurs de l'agriculture, bâtiment, restauration, textile ou travaux domestiques;
-le codéveloppement n'a pas eu de résultats significatifs et les coûts politiques pour l'Europe sont moins acceptables : fracture entre Nord et Sud, en particulier en Méditerranée qui a cessé d'être une mer d'échanges et d'enrichissement mutuel;
-la substitution de la main d'?uvre étrangère par la main d'?uvre nationale (ou même européenne) n'a pas eu lieu, comme l'espéraient les décideurs ;
-la mobilité interne en Europe reste faible, bien que l'expérience de l'ouverture à l'Europe Centrale et Orientale, après les derniers élargissements, a eu des effets particulièrement positifs (double intégration des migrants).


3 Impacts sur les pays d'accueil
3.1.Taux d'emploi des immigrés en Europe : Les migrants ne ?volent pas leur emploi' aux nationaux.
Selon les dernières données de l'OCDE 12 % de la main d'?uvre des pays de l'OCDE est immigrée. .
Les données de l'OCDE de 2007 informent que de 1995 à 2005, dans tous les pays développes, que ce soit en Europe, aux Etats Unis, au Canada ou en Australie, la croissance de l'emploi immigre a été plus rapide que celle de l'emploi total, sauf en France ou l'emploi des travailleurs immigrés a progressé moins vite que l'emploi total (9,3 %, contre 10,4 %).

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L'exception française (croissance de seulement 9,3 % contre 10,4 %) est en partie due a la préférence a « l'immigration choisie » opposée a « l'immigration familiale » (Voir Article de Antonie de Ravignan dans Alternatives Economiques num. 264 Décembre 2007 Voir Article de Antonie de Ravignan dans Alternatives Economiques num. 264 Décembre 2007).


3.2. Impacts de la crise
La crise financière s'est rapidement transformée en crise de l'emploi.
Selon l'OCDE (Edition 2009 de Perspectives des migrations internationales Chap.1), les immigrés sont parmi les plus affectés par la détérioration du marché du travail, car ils sont concentrés dans les secteurs les plus sensibles a la conjoncture (batiment, restauration, hotellerie etc.) et, majoritairement, ont des contrats moins protégés. Les niveaux de chômage au sein de la population immigrée ont pratiquement doublé en Espagne, en Irlande et au Royaume Uni depuis le début de la crise. Au premier trimestre 2009, le taux de chômage des immigrés en Espagne était de 27.1 % contre 15.2 % pour les travailleurs locaux.

On note un recul des migrations de travail dans pratiquement tous les pays de l'OCDE en raison de la diminution de l'offre d'emploi par les employeurs , ainsi aux Etats Unis le nombre des visas H-1B (un des principaux visas de travail temporaire) a diminué de 16 % entre 20007 et 2009,
En Espagne dans la cadre du Regimen General (système de désignation par les employeurs) de 2007 a 2008, le nombre de demandeurs a diminué de 200 000 a 137 000,
En Australie le nombre des demandes déposées par les employeurs en février 2009 était de 11 % inférieur a celui de 2008, au premier trimestre de 2009 ;
Au Royaume Uni il y eut 54 % de moins d'enregistrements des travailleurs immigrés (Workers Registration Scheme) qu'en 2008 a la même période,
En Irlande enfin, moins de 9000 personnes provenant des nouveaux Etats membres de l'U.E. ont reçu un Public Service Number au premier trimestre de 2009, soit 57 % de moins qu'en 2008.
Face a la crise, les pays développés ont tendance a se fermer a l'immigration. Certains pays de l'OCDE ont même mis en place des mesures de retour des immigres, alors que la situation dans les pays d'origine y est peu propice. Les opinions publiques étant déjà souvent réticentes vis a vis des immigrés, la discrimination sur le marché du travail a tendance a se renforcer en période de crise, alors qu'une récente étude européenne a démontre qu'un accroissement de 10 % de la part des immigrés dans l'emploi diminuerait celui des nationaux de 0,2 a 0,7 % seulement .
Pourtant, l'Europe en déclin démographique, devra de toute façon recourir a une part croissante de la main d'?uvre immigrée qualifiée et non qualifiée pour maintenir son développement et faire face a la concurrence des économies émergentes.

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Commentaire: Au cours de la dernière décennie, les immigrés ont contribué de façon significative au développement des économies et au marché du travail de plusieurs pays de l'OCDE. Les immigrés occupent des postes pour lesquels il n'y a pas assez de candidats dans les pays hôtes et alimentent en main d'?uvre les secteurs économiques concernés. La crise remet en question cette situation, mais probablement de façon temporaire. Les conséquences inhérentes au vieillissement de la population se feront à nouveau sentir avec la reprise économique.

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3.2. Impacts sur les salaires
Contrairement a l'opinion courante, en Europe, l'immigration n'affecte pas de façon significative les niveaux de salaires, sauf pour les niveaux extrêmement bas de qualification (effet global minime) . Les études par pays et multi pays démontrent même que ces impacts n'ont de sens que sur des segments du marché du travail ou les locaux sont en concurrence avec des immigrés aux mêmes types de qualifications et compétences que les nationaux. En revanche, si les compétences des travailleurs immigrés sont complémentaires a celles des locaux, les deux groupes sont bénéficiaires. L'évaluation de ces impacts reste toutefois discutable, parce qu'il est difficile de définir et mesurer les différences de compétences entre les deux groupes. Il n'y a pas de parfaite substituions entre la main d'?uvre locale et étrangère. En revanche l'arrivée de nouveaux immigrants affecte plus fortement les anciens immigres . De nombreuses données montrent aussi une croissance de contrats précaires et des salaires inférieurs au minimum légal, en particulier pour les jeunes immigrés.
Aux Etats Unis , l'impact estime de l'immigration sur les salaires des travailleurs non qualifiés varie entre -9 % et 0,6 % seulement .

3.3. Impacts sur les charges sociales
L'Européen Social Survey de 2002 montre clairement une inquiétude de l'opinion publique quant aux coûts sociaux de l'immigration. Il est difficile d'apprécier ces impacts compte tenu des variations entre les services sociaux offerts par le secteur public (Etat et collectivités locales) d'un pays a l'autre. Néanmoins, il faut reconnaitre que les immigrés contribuent également, en payant des charges sociales : sécurité sociale et retraite ainsi que des impôts, en tant que résidents. Si on cumule tous les éléments qui contribuent a ces impacts par rapport au Produit Intérieur Brut, tant pour l'Europe que pour les Etats Unis, l'impact budgétaire net est estimé a ±1 % du PIB seulement , il reste donc négligeable. Il dépend aussi des caractéristiques des immigrés (âge, éducation, etc.). Par exemple la Grande Bretagne a bénéficie de l'immigration des jeunes polonais, en revanche l'Autriche, qui a accueilli des personnes âgées, fait face a des charges plus importantes.

3..4 Impacts sur le développement
Jusqu'à présent on considérait très difficile de mesurer le taux de croissance totale resautant de l'immigration et peu d'études fiables existaient. Le mérite du Rapport est de présenter de nouvelles études , avec des estimations fondées sur un modèle d'équilibre général de l'économie mondiale, partant de l'hypothèse que la migration, comme le commerce international, permet la spécialisation et contribue a l'optimisation des atouts relatifs.
Il résulte de ces études que, si le nombre de migrants augmentait de 5 % dans les pays a IDH élevé, le cinquième des bénéfices ainsi générés reviendrait a ces mêmes pays d'accueil (soit 190 milliards de dollars) . Une autre étude, celle-ci par pays (14 pays de destination de l'OCDE et 74 pays d'origine), montre que la migration n'entraine pas l'éviction des nationaux du marché du travail. A court terme, l'accroissement démographique qui en résulte augmente le PIB réel par habitant dans une proportion d'un a un (1 % d'augmentation de la population donne 1 % d'accroissement du PIB/hab.). Les simulations effectuées dans l'Union Européenne, après l'élargissement et l'arrivée de travailleurs des nouveaux Etats membres, donnent des résultats tout a fait similaires.
Les migrations génèrent également des résultats positifs en matière d'innovation . C'est pourquoi les pays développés se font concurrence pour attirer les travailleurs qualifiés. Un projet de permis européen ou « carte bleue » est en cours, Singapour et Hong-Kong ont des programmes d'accès privilégié pour les professionnels qualifiés, le



4 Impacts sur le pays d'origine

4-1-Développement
Dans la mesure où, dans les pays d'origine, l'émigration ne concerne en général qu'une faible part de la population, l'impact sur le développement n'est pas immédiat et décisif. Cependant pour quelques petits Etats des Caraibes, comme Antigua et Barbados, Grenade et Saint Kitts et Nevis, ces taux excédent même les 40 %. Contrairement a une idée reçue, les taux d'émigration des pays au IDH bas est également le plus bas. Dans les pays en développement l'émigration constitue une stratégie familiale dans laquelle le transfert de fonds constitue le principal avantage. Pour se rendre compte de l'importance des transferts de fonds des migrants, il faut savoir qu'ils sont quatre fois supérieurs a la totalité de l'Aide Publique au Développement (APD) soit, en 2008, 305 milliards de USD, mais en Afrique, ou l'APDest particulièrement importante, elle constitue le double des dépôts. En tout état de cause, l'effet sur le développement global d'un pays de ces transferts est secondaire, a de rares exceptions ( pour quelques petits pays ou Iles-Etats). La Banque Mondiale prévoit en 2009 une réduction de 5 à 8% de ces transferts, due à la crise.
Même si lors des catastrophes naturelles ces transferts augmentent et contribuent à en réduire les effets A moyen terme, ils ont des effets particulièrement positifs lorsqu'ils permettent de générer des emplois, car les études montrent que les destinataires des fonds font souvent preuve de plus d'esprit d'entreprise et d'une plus grande propension à investir que les foyers sans migrant. Au niveau social et culturel, des effets positifs sont notés également en matière de scolarisation, santé et condition d'habitat des familles de migrants.

Le risque du drainage des cerveaux et des pénuries de main d'?uvre est discutable.
Le cout social de l'émigration des talents ne doit pas être surestime. En effet, il dépend principalement du rôle de l'émigrant dans sa communauté d'origine: le coût d'opportunité des départs peut être négligeable si les émigrants sont peu productifs ou des chômeurs. Or dans les pays pauvres, souvent le taux de chômage des diplômés est élevé et les conditions de travail induisent une productivité très basse. Enfin, selon des études récentes, la moitié des émigrants qualifiés revient généralement âpres cinq ans (R. p.86). Les réseaux qui se créent facilitent la diffusion des connaissances, l'innovation et une nouvelle culture du travail. Les émigrants favorisent le transfert des technologies et par la même de nouvelles productions dans leur pays d'origine, de meilleures pratiques de gestion avec le rapatriement de connaissances et compétences développées ailleurs (voir le développement informatique en Inde). Indirectement l'émigration a donc des effets sur les investissements étrangers (IDE) et la croissance du PIB dans les pays d'origine.

Les transferts, dont nous avons parlé plus haut, ont un certain impact dans de nombreux pays : ainsi dans plus de vingt pays en développement, les transferts ont dépassé les recettes des principales exportations. Par exemple au Tadjikistan ils constituent 45 % du revenu national, au Sénégal 2007 ils étaient douze fois supérieurs aux Investissements Directs Etrangers (IDE). De plus, les transferts ont l'avantage d'être moins volatils que les IDE et l'aide au développement, même si en temps de crise ils accusent des fluctuations importantes.

L'émigration améliore le développement humain, en particulier pour les jeunes, et n'a pas d'effet négatif pour le pays d'origine, cependant, dans la plupart des pays exportateurs de main d'?uvre, ne peut se substituer ni a une politique de développement ni a une stratégie nationale de croissance sociale. Pour certains petits Etats (Bhoutan, Cap Vert, Dominique, Guinée Bissau ou Timor Oriental) ainsi qu' au Salvador, elle entre dans une stratégie globale de réduction de la pauvreté et du chômage, , alors qu'au Mexique la situation est plus nuancée et dépend de la communauté d'origine et des compétences de l'émigrant, comme nous l'avons vu plus haut.

Au niveau des individus, les gains pour les émigrants sont les plus évidents, encore que dans certains cas ils peuvent se faire attendre. En ce qui concerne le niveau de qualifications, l'émigration bénéficie davantage aux pauvres sans qualifications qu'aux très qualifiés (ingénieurs ou informaticiens) pourtant préférés par les pays d'accueil. Pour les familles, les « profits » en matière d'éducation sont particulièrement marques : le bénéfice moyen pour un migrant de pays a faible IDH vers un pays a IDH élevé correspond au doublement du taux de scolarisation, qui passe de 47 a 95 %.
Pour des politiques d'immigration favorisant la mobilité et l'intégration
La mobilité est un droit. Nous avons vu que les migrants contribuent au développement des pays d'accueil a un coût nul ou minime ainsi qu'a celui de leurs pays d'origine. La mobilité favorise également le développement. Nous savons que les besoins en main d'?uvre des pays riches ne se limitent pas aux seules élites, ils se situent aux deux extrêmes du marché du travail : les pays développés ont bien besoin des spécialistes mais dans les secteurs déficitaires, le travail non qualifié fait défaut également. En temps de crise, il est donc important, d'éviter que les pays développés ne prennent des mesures ad hoc, qui pénalisent aussi bien les candidats a l'immigration (la situation économique se détériore certes dans les pays d'accueil mais également dans ceux d'origine) que les immigrés déjà présents (discours politique discriminatoire et démagogique).
De telles politiques compromettent l'avenir : risque de ne plus disposer d'une main d'?uvre disponible, nécessaire à la reprise, et, à plus long terme-compte tenu des déficits démographiques auxquels tous les pays développés sont confrontés- pour assurer leur développement durable. En effet, il y a de fortes chances que la réduction des perspectives d'emploi dans les pays d'accueil ne diffère les projets d'émigration et n'accélère les retours. Enfin, une meilleure gestion de l'immigration passe aussi par des politiques plus efficaces d'intégration des immigrés (droits de l'homme, égalité des chances), qui leur permettraient de développer leurs qualifications et compétences pour être des acteurs à part entière du marché de l'emploi, participer et contribuer au développement humain tant des sociétés d'accueil que des communautés d'origine.

 

Migration et travail
les faits et les mythes

Autour du Rapport Mondial sur le Développement Humain 2009 du PNUD (Pour plus de détails, cliquer ici) : Lever les barrières Mobilité et Développement Humain.
Anna Darska


Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) est le réseau mondial des Nations Unies et l'organisation leader en matière de développement . Il est présent dans 166 pays et possède 134 bureaux nationaux, son objectif est d'aider les gouvernements et les sociétés à réduire la pauvreté et a faire face aux objectifs du Millénaire de l'Organisation des Nations Unies. Depuis 1992, chaque année les Rapports mondiaux du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) présentent, sur la base de l'Indicateur du Développement Humain, des données et une analyse qui attirent l'attention de la communauté internationale sur les questions critiques pour le développement humain. L'indicateur prend en compte non seulement les revenus par tête d'habitant (croissance économique), mais également les conditions qui permettent le développement humain (opportunités éducatives, santé, égalité des genres). Il s'appuie sur les statistiques accessibles et une méthodologie comparable d'un pays à l'autre.

Le PNUD présente chaque année un Rapport Mondial ainsi que des rapports régionaux et par pays, préparés par des équipes de chercheurs indépendants réunis pour les besoins des différentes thématiques. Ils constituent des documents de référence pour dessiner les politiques, ils introduisent aussi le concept du développement humain dans les débats et consultations sociales, analyses et recommandations. Les données prennent en compte des variables comme sexe, ethnie, urbanisation afin de mieux détecter les inégalités, évaluer les progrès et signaler les tensions potentielles. Ces rapports influent sur les stratégies nationales de développement et la politique en matière des objectifs millénaires du développement et autres priorités du développement social.

Intérêt du Rapport pour la réflexion sur l'emploi en période de crise : Le texte en français du Rapport est accessible en cliquant ici

Avant la crise, les pays développés avaient tendance à percevoir l'immigration comme une solution aux déficits de main d'?uvre et au vieillissement de la population active. En temps de récession, la tendance au protectionnisme, et en particulier en matière de mobilité de main d'?uvre, s'accroit. Les dernières données pour les pays de l'OCDE le confirment (Voir International Migration Outlook, OCDE, SOPEMI, 2009). Or des mesures migratoires ad hoc ne peuvent ni répondre aux besoins futurs des économies, qui ne manqueront pas d'apparaitre après la reprise, ni s'inscrire dans les tendances à long terme des migrations de travail. C'est pourquoi, au delà de la conjoncture, ce Rapport est particulièrement pertinent pour une réflexion sur les migrations de travail.
Entre idées reçues et faits, le Rapport marque d'une part quelles sont les constantes des migrations de travail, et d'autre part incite à réfléchir a l'après crise, en tenant compte des tendances de fond.


1. La perspective globale: les flux La quantité des migrants internationaux par rapport a la population totale a été beaucoup plus importante dans la 2eme moitié du 19eme siècle. Actuellement un milliard de personnes s'expatrient.
La majorité des migrants se déplacent pour rechercher des conditions de vie meilleure et en particulier un emploi mieux rémunéré. Les migrants dus aux conflits ou catastrophes naturelles ne représentent que 7 % des migrants globalement (12 % en Afrique, en dépit des conflits sur ce continent).
En dépit de la mondialisation (baisse des coûts de transport, communications, technologies de l'information) la part relative des migrants internationaux par rapport a la population mondiale est constante depuis environ 50 ans et correspond a seulement 3,1 % soit 214 millions. De plus, ceux qui se déplacent vers des pays dits riches représentent une part minime du total des migrations, le Rapport estime à environ 740 millions le nombre de migrants internes, soit près de quatre fois celui des migrants internationaux. La plupart des déplacements dans le monde ne s'effectue pas entre des pays en développement et des pays développés, ni même entre différents pays. L'écrasante majorité des personnes qui migrent le font à l'intérieur de leur propre pays.

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Seul un tiers de ceux qui quittent leur pays s'est déplacé d'un pays en développement vers un pays développé, c'est-à-dire moins de 70 millions de personnes. La majorité des 200 millions de migrants internationaux dans le monde est allée d'un pays en développement vers un autre, ou entre deux pays développés.
La majorité des migrants internationaux des pays pauvres ? environ 60 % ? se déplacent vers d'autres pays au IDH (Indice de Développement Humain) similaire a celui de leur pays d'origine et seulement 3 % des pays pauvres vers les pays riches!

Qui sont les immigrants? Bien que la distribution régionale des migrants internationaux reste stable depuis 1960, de plus en plus de migrants viennent des pays en développement . Cette évolution est particulièrement marquée aux Etats Unis, le Canada, la Suède et l'Allemagne, en revanche au Royaume Uni la tendance est inverse, du a la politique délibérée du gouvernement privilégiant l'immigration des migrants qualifies .
Depuis environ 50 ans la moitié des migrants (48 %) sont des femmes, avec de fortes disparités par pays.
Les données sur les immigrants (statut) sont peu fiables, parce que les immigrants vont et viennent et changent de statut. Les illégaux représentent aux USA 30 % des migrants (env. 3 % de la population totale) et, selon une étude de 2005 de la Commission Européenne, entre 6 et 15 % du stock total des migrants en Europe (env. 1 % de la population totale).
Les immigrants représentent des niveaux de formation variés, mais depuis quelques années les pays riches sont en compétition pour attirer les plus qualifiés, aussi observe-t-on une surreprésentation des qualifiés, résultant des politiques sélectives appliquées par les pays d'accueil (Voir figure 2.8 présentant l'Ouverture à l'immigration en provenance des pays en voie de développement par niveau de qualification, R. p.39). Ces données coincident avec celles de l'OCDE:

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2-Le protectionnisme

L'immigration est perçue comme un phénomène négatif à partir des années 70.
Les évidences historiques que la migration a favorisé le développement sont nombreuses: (USA, Canada, Australie), mais plus récemment en Grande-Bretagne et en Irlande les ressortissants des nouveaux Etats membres ont largement contribué à la croissance avant la crise.
Jusqu'à la fin du 19eme siècle les barrières à l'immigration n'existaient pas, au contraire de nombreux pays favorisaient l'émigration et les pays d'accueil étaient ouverts, en dépit de l'intolérance vis-à-vis des minorités. Au début du XXème siècle, les pressions sur le marché du travail, sur les terres exploitées ou les opinions publiques ont fait évoluer cette situation. Cependant jusqu'au choc pétrolier de 1970, des programmes spécifiques permettaient l'importation de main d'?uvre pour combler des déficits particuliers ? programme Bracero pour les ouvriers agricoles mexicains aux USA, accords entre le Royaume Uni et l'Australie, nombreux accords pour des travailleurs invités (Gastarbeiter) en Europe.
Depuis, les décideurs essayent de maintenir les niveaux existants d'immigration.

Politiques d'immigration sélectives
En dépit de conventions internationales sur les réfugiés, il n'existe pas un système multilatéral sur la mobilité. Les Conventions de l'OIT sur les travailleurs migrants sont ratifiées par peu de pays. Les accords de l'Organisation Mondiale du Commerce incluent non seulement les biens mais aussi les services, mais jusqu'a présent l'interprétation a été restrictive, limitant les visas aux temporaires et hautement qualifiés. Au niveau mondial plus d'un tiers des pays imposent des restrictions. Les migrants des pays développés vont principalement vers d'autres pays développés. Dans le cadre du cycle de Doha, il apparait que si les pays en développement voudraient inclure la libéralisation des migrations, les pays développés souhaitent se limiter au commerce des services (Rapport p.39)

En Europe, après 30 ans de fermeture de frontières au travail salarié, depuis 1999, la communautarisation de la politique migratoire se développe autour de la « maitrise des frontières extérieures de l'Union »- Sommets de Seville, Thessalonique et Europe sécuritaire de Schengen - et la migration des non qualifiés est essentiellement limitée aux originaires de l'U.E. avec une préférence marquée vers une politique sélective privilégiant les immigrés a haut niveau de qualification, ou pour faire face a des besoins sectoriels ou temporaires. Différentes approches sont mises en place:
L'Allemagne tend à mettre en place un système, semblable au Canadien, de permis à points.
L'Australie et la Nouvelle-Zélande utilisent un système à points pour mettre en place une préférence aux travailleurs hautement qualifiés.
L'Espagne, l'Italie et le Portugal ont développé des accords bilatéraux avec les pays ?exportateurs' de main d'?uvre en fonction de leurs besoins sectoriels de main d'?uvre.
Le Royaume Uni et l'Irlande attirent les plus qualifiés (étudiants et jeunes diplômés) qui ont fortement contribué à leur croissance avant la crise.