Les difficultés

 
 

Les difficultés et leur dépassement
Dans ce domaine, nous trouvons, regroupées, des situations et facteurs directement concernés par les difficultés à affronter à un moment de sa carrière professionnelle. Nous avons tous des difficultés lorsque confrontés à une situation de rupture et de repositionnement.
Chacun rencontre des types de difficultés qui lui sont personnels. L'intérêt pour le conseiller est de voir comment la personne les intègre dans sa stratégie. Nous en avons tous, mais certaines personnes en vivent plus que d'autres. Nous ne sommes pas tous égaux devant la recherche d'un emploi et, parfois, le fardeau est bien lourd à porter. Avec des raisons très légitimes, il est possible de se sentir peu disponible pour sa recherche d'emploi ou peu mobilisé. L'attachement à la situation que l'on est en train de perdre est prégnant. Des sentiments d'échec peuvent aussi perturber le quotidien. (Après tout, ce qui m'arrive est peut-être de ma faute...) Enfin, le contexte dans lequel on se trouve, les difficultés de l'entourage peuvent faire chuter l'énergie et le dynamisme.
Disponibilité pour imaginer un futur possible
Comportement correspondant à des sentiments personnels laissant peu de disponibilités pour s'engager pleinement dans la recherche d'une nouvelle situation professionnelle et entrevoir un futur possible.
Quelle place les sentiments personnels et le contexte laissent-ils pour s'engager pleinement dans la recherche d'une nouvelle situation? La personne est-elle disponible pour entrevoir un futur différent de ce qu'elle a connu jusqu'à présent? Est-elle prête à accepter une modification de tous ses repères professionnels? A-t-elle fait le point et accepté que la situation qui était la sienne n'ait plus cours? La mise à distance des attachements antérieurs, de ce qui représente aujourd'hui le passé, est-elle en train de se produire? Ou la personne est-elle ancrée dans ce qui ne représente plus, aujourd'hui, la réalité?
Confrontée à cet attachement, la personne n'a momentanément plus la possibilité d'être créative, de prendre des initiatives, d'agir pour son avenir. Ses affects sont liés au passé. Elle n'y peut rien. Il s'agit là de sentiments difficilement maîtrisables et qui, de toutes les manières, interfèrent dans chaque action, chaque pensée et chaque parole exprimée.
Pourquoi aller de l'avant, pourquoi imaginer et construire un avenir, puisque le seul but est de préserver l'acquis et le passé, retrouver l'équilibre qui était le sien, conserver ce qui était connu et maîtrisé? Dans ce cas, les démarches sont vouées à l'échec. Une ranc?ur se cristallise sur les auteurs de cette situation. Le doute s'installe vis-à-vis de ses compétences professionnelles et sur sa capacité à s'adapter dans une organisation différente. Le sentiment d'avoir épuisé toutes ses ressources apparaît avec la certitude que l'on ne s'en sortira pas à moins d'un miracle.
Et le regret de l'ancienne situation se renforce.

Stimulation par des perspectives d'avenir
Il arrive que l'on rencontre des difficultés liées à l'angoisse de se confronter à une situation nouvelle de travail. Il s'agit d'une peur, le plus souvent présente après avoir vécu des situations pénibles et traumatisantes, qui, après une situation de rupture se transforme en inhibition, crainte d'avoir à affronter, par exemple, un groupe de travail inconnu ou un nouveau supérieur hiérarchique susceptible d'évaluer les compétences.
La personne se sent elle stimulée par la perspective d'un nouvel emploi? Pour pouvoir mobiliser toute son énergie dans une action d'insertion professionnelle, il faut se sentir stimulé par le but à atteindre, ce qui permet de s'investir dans les démarches et d'accroître leur efficacité. Mais il est possible que des expériences de situations négatives de relations au travail freinent l'allant. Par exemple : la crainte d'être évalué par un groupe de personnes inconnues, la peur de retrouver, dans une nouvelle situation, des difficultés importantes vécues auparavant ou encore celle de ne pas être compétent, d'être rejeté ou simplement mal accepté, etc.
Le retour d'image par ses pairs peut être une perspective difficile et angoissante à envisager. Il est fréquent de constater des conduites, plus ou moins conscientes, de sabordages des démarches ou même le refus d'un emploi, motivés par ces peurs.

Sentiments d'échec
La recherche active d'un emploi implique de subir des refus qui peuvent être vécus comme des échecs répétés. Comment la personne concernée maintient-elle son équilibre et intègre-t-elle les informations au fur et à mesure pour en tirer parti et non s'épuiser?
Quelques sentiments et impressions d'échec au cours d'une vie sont parfaitement normaux.
Mais si ces sentiments sont trop importants, ils peuvent perturber les démarches et deviennent une charge difficile à assumer seul.

Handicap
Il est bien reconnu que nous avons tous des handicaps face à la recherche d'emploi et parfois certains points forts deviennent des difficultés ressenties. Comment la personne les intègre-t-elle dans sa démarche?
Dans un contexte perturbant, face aux difficultés ressenties dans la recherche d'une nouvelle situation, le moral reste-t-il au beau fixe ou colore-t-il notre perception du monde en gris foncé? Transforme-t-il certains points forts en handicaps ou certains défauts en qualité?
Quel que soit notre niveau professionnel, notre âge, notre type d'expérience, nos diplômes ou nos formes de réussite, nous avons tous ? nous disons bien TOUS ? des handicaps. Ceux-ci peuvent être réels et concrets, accentués dans l'imaginaire ou, au contraire, minimisés ou occultés. Quel est le mode de fonctionnement du client? Prend-il sur lui tous les handicaps que la Terre peut contenir et, ainsi, s'accorde-t-il des raisons de ne pas trouver ce qu'il cherche ou fait-il comme si tout ceci n'existait pas?
Le manque de diplôme, un congédiement, l'âge, le sexe, le lieu du domicile, le type d'expérience, le nombre d'employeurs, le temps écoulé sans emploi, les trous dans le CV, la non connaissance d'un contexte particulier..., tout peut être un handicap. Et tout le monde porte son lot, car il est impossible de répondre à toutes les attentes. L'important est d'être capable de présenter les arguments pour rassurer et démontrer sa légitimité pour la fonction proposée.
Parfois, les situations personnelles, telles que l'âge, l'expérience, le manque de diplôme, le sexe ou l'origine ethnique évoquées comme des handicaps, sont mises en avant de façon massive alors que la personne concernée possède en elle-même la parade et la possibilité d'y faire face. Dans ce cas, il peut s'agir de ce que nous pourrions nommer un « symptôme écran ». Celui-ci est mis en place de façon à éviter des difficultés trop pénibles que la fragilité ne permet pas d'affronter, tels les traumatismes évoqués aux paragraphes précédents.

Les risques d'enlisement dans la situation
La situation de perte d'emploi et d'enlisement n'est pas liée uniquement aux compétences, connaissances et facilités de communication. Des données spécifiques (premier contact avec le travail, très grande stabilité professionnelle, licenciements répétés, isolement social et familial, etc.) jouent, malheureusement, un rôle important dans les actions de repositionnement.
Certaines situations sont corrélatives avec le risque de ne pas s'insérer dans un temps moyen. Par exemple : la présence de deux licenciements consécutifs est corrélative avec un chômage de longue durée à .01 (c'est-à-dire 1 hasard pour 1 000 personnes). On rencontre aussi d'importantes difficultés en première insertion et lorsque la rupture d'emploi survient après une période stable.

Le cumul d'une perte d'emploi avec une séparation; le cumul d'un deuil d'un parent proche avec une perte d'emploi; une trop longue période dans une même et unique entreprise avec peu de changements de postes ou encore des situations où l'entourage trouverait plus de bénéfices dans la « disponibilité » de l'intéressé que dans la réussite de ses objectifs, etc., voilà autant de difficultés et de traumatismes, autant de risques d'enlisement dans une situation pouvant amener à l'exclusion du monde du travail.

Quelques situations corrélatives à un enlisement
* Vécu d'une situation de rejet de la part de la société en début de carrière
* Attachement à la situation et au contexte d'étudiant
* Attachement important à l'activité antérieure
* Difficultés à trouver encore de l'intérêt dans l'activité exercée
* Présence d'un seul employeur dans un long parcours professionnel
* Lien relationnel de type « oral » avec l'employeur
* Plusieurs ruptures successives avec des employeurs
* Équilibre de vie perturbé et difficultés à le vivre
* Pression familiale pour concentrer son activité sur la famille
* Dégradation de la vie familiale
* Vécu d'une séparation familiale en lien avec la rupture professionnelle
* La perte d'un parent ou d'un(e) ami(e) proche
* Sentiment d'injustice
* Sentiment de honte relié à la situation
* Sentiment de fragilité intense relié à la situation