Suite...
sa manière de vivre sa profession, la nature des compétences qu'elle mobilise. Certaines peuvent passer un an sans jamais pratiquer d'accouchements alors que ce sera le lot quotidien d'autres. Les niveaux de responsabilité ne seront pas non plus les mêmes selon les cas, le rapport à la solitude non plus, etc?..
Ainsi les éléments repères d'un environnement, cités ci-dessus, s'ils peuvent parfois être identiques ou présenter des ressemblances pour une même activité peuvent toutefois se présenter de manière extrêmement différente quand on pénètre à l'intérieur de l'entreprise. En effet, d'autres critères tels que l'organisation du travail et les modes de management peuvent impacter sérieusement le contenu des activités. Ainsi, les tâches peuvent être très spécialisées, standardisées, codifiées ou à l'inverse offrir une grande marge d'initiative, voire un flou à gérer par la personne. Management et organisation vont également avoir une influence sur les hommes et leurs relations, existantes ou non, facilitées ou non, encouragées ou non. Ils vont avoir une influence importante sur la question de la reconnaissance, elle-même essentielle à la mobilisation de son intelligence en situation de travail. De même, la perception de valeurs, véhiculées ou non par l'entreprise, et par les hommes qui la dirigent et la composent jouera un rôle sur l'ambiance de travail. Car c'est aussi d'ambiance, donc de subjectivité, dont il s'agit quand nous parlons d'environnement.
La notion d'environnement professionnel telle que nous l'entendons dans L'Explorama est donc extrêmement complexe et subjective. Elle est liée d'une part à l'harmonie, la solidarité existant entre les différents éléments cités plus haut, d'autre part au rapport (subjectif lui aussi et singulier) que l'individu entretient avec ces paramètres, et enfin aux rapports que les autres personnes de ce même contexte entretiennent entre elles et avec cet environnement. Les éléments constitutifs d'un environnement ne sont pas hiérarchisés, ni hiérarchisables, si ce n'est par l'individu lui-même, en situation. On perçoit aisément que plus les éléments sont solidaires, reliés entre eux d'une manière harmonieuse, plus l'activité sera performante, et plus ils seront une source d'équilibre et d'épanouissement pour la personne. On perçoit bien aussi l'aspect fragile et éphémère que revêt cette notion. Aucun élément n'est à priori plus important qu'un autre et la modification d'un seul paramètre peut venir tout bouleverser. Un changement de lieu, de machine, un nouveau collaborateur, un nouveau règlement, une nuisance : rien n'est anodin dans l'équilibre et l'ambiance d'un univers de travail. Même constitué d'invariants, un environnement n'est jamais figé. L'individu au travail détient lui aussi le pouvoir de le faire évoluer, de le modifier en fonction de sa personnalité, de son expérience, de ses attentes, etc.
Parler d'environnement est presque une virtualité, mais une virtualité qui a un impact déterminant sur la mobilisation que les personnes font de leurs ressources et sur leur satisfaction et leur maintien dans l'emploi. De même elle influence fortement les choix professionnels.
En savoir plus sur l'outil Explorama, cliquer sur le lien suivant: Cliquer ici

 

Environnement

Sylvie Darré

L'environnement joue un rôle déterminant dans le rapport que chacun entretient avec ses choix, avec son travail et dans sa place dans la société.
Il nous parait en effet important de ne pas séparer le travail, l'activité, les tâches à accomplir de la situation même dans laquelle cette activité s'exerce, ce travail se réalise. Pour nous, le travail ne se réduit pas à sa seule fonction matérielle, économique. Nous lui attribuons une fonction sociale et plus encore un rôle important dans notre équilibre psychique, dans notre développement identitaire (cf. Chemin faisant 2, chap. 3, Les apports de la psychodynamique du travail). Il nous faut donc comprendre et regarder de plus près l'impact de l'environnement sur le rapport que l'individu entretient à son travail, sur sa satisfaction, sur la mobilisation de son intelligence pour résoudre les problèmes, effectuer les tâches qui lui sont confiées. Regarder les choses de cette façon nous amène à imaginer et à accepter l'idée qu'une personne peut privilégier l'environnement à l'activité, au geste, ou aux objectifs poursuivis par l'activité.
Bien des fois, nous avons constatés que des emplois sont choisis et acceptés par des personnes non pas pour les gestes à réaliser, les tâches à effectuer, les missions à remplir ou les objectifs poursuivis par l'entreprise, mais du fait de l'environnement, de l'ambiance dans lesquels ils s'exercent. C'est pourquoi il nous semble essentiel et nécessaire d'introduire précisément cette réflexion dans l'orientation scolaire et professionnelle.
Dans un premier temps, nous définissons l'environnement à partir de différents éléments clairement identifiables, repérables, objectivables, qui selon les situations de travail seront ou non présents :
- des espaces, des lieux, des temps ;
- des techniques, des outils, des machines, des procédures ;
- des hommes ;
- des stimuli : bruits, odeurs, saveurs, contacts tactiles, repères visuels ;
- des règles (les lois, le code du travail).

Prenons un exemple permettant de clarifier et d'illustrer ceci : L'activité professionnelle de l'électrotechnicien recourra toujours, quel que soit l'emploi à un espace, à des outils, à des techniques, à la présence ou non d'autre(s) personne(s), à des bruits, à des qualités requises par le professionnel. Elle respectera des règles d'hygiène et de sécurité, etc. Mais on voit bien que ces éléments ne suffisent pas à eux seuls à rendre compte d'un environnement professionnel. En effet, et on l'imagine bien, un électrotechnicien qui installe seul un ascenseur dans un immeuble bourgeois d'un quartier huppé, un électrotechnicien qui travaille dans un sous-marin ou sur un navire, un électrotechnicien en bureau d'études, recherche et développement, un électrotechnicien dans l'aéronautique ou à Kourou dévoué à l'installation du pupitre du lanceur, n'auront ni les mêmes tâches, ni le même type de relation avec d'autre personnes, ni les mêmes environnements. Ils ne mobiliseront peut-être pas toujours les mêmes habiletés. Ils n'exerceront pas de la même manière leur créativité. Leurs intérêts et leurs valeurs personnelles trouveront satisfaction dans certaines situations, mais pas dans d'autres, et ainsi de suite.
Vous allez nous répondre que l'exemple de l'électrotechnicien est bien choisi justement parce qu'il offre une grande variété de situations. Prenons alors un métier hors industrie que tout le monde peut se représenter facilement : la sage-femme. Nous ferons alors exactement la même démonstration. La sagefemme qui travaille en libéral, dans son cabinet ou en visite chez des particuliers ressemble-t-elle trait pour trait, attend elle les mêmes satisfactions de son travail que celle qui exerce en centre de PMI (protection maternelle et infantile). Quid de celle qui travaille dans une clinique privée ? Ou de celle qui travaille en hôpital public ? Dans ce dernier cas, certaines organisations du travail imposent là encore bien des différences. Par exemple des roulements d'un an sur des postes (un an en suite de couches, un an en salle d'accouchement, un an à la préparation à la naissance) et sans doute prochainement un travail de surveillance d'écrans qui rendent compte de ce qui se passe en salle de travail. La taille de l'hôpital, la proximité ou non d'un gynécologue-obstétricien à ses côtés peut modifier complètement